L’innovation et la protection de la propriété intellectuelle ont-t-elles toujours leur place dans l’Europe qui traverse depuis quelques années une crise économique difficile ? La réponse est oui puisque, apparemment d’après une étude de l’EUIPO, plus de 97% européens jugent important le fait que tout inventeur, créateur et artiste puisse se voir protéger ses droit et être payé pour son travail. Cependant cette affirmation ne fait pas toujours l’unanimité selon les circonstances.

L’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO) a publié fin mars 2017 une étude sur la perception de la propriété intellectuelle parmi les citoyens de l’UE. Il s’agit d’une mise à jour d’une première étude qui a été publiée en 2013. Plus de 26 000 entretiens dans les 28 pays européens ont eu lieu et l’étude révèle que la perception de la contrefaçon en Europe a évolué depuis 2013.

Ne pas acheter de contrefaçon c’est bien, mais sous quelles conditions ?

Bien que les Européens interrogés continuent de considérer la propriété intellectuelle comme une valeur fondamentale, le taux d’acceptation pour l’achat de produits contrefaisants est en hausse. En particulier, ce comportement est considéré comme acceptable pour des raisons de prix (29% d’acceptation contre 25% en 2013) et de disponibilité (26% d’acceptation contre 19% en 2013) des produits contrefaisants, qui sont souvent plus avantageux que ceux des produits authentiques.

Quel discours utiliser pour lutter contre la contrefaçon ?

Parmi les arguments allant contre la contrefaçon donnés par les personnes interrogées en 2013, le facteur économique demeure le plus convaincant pour les Européens (78% d’affirmation). En revanche, la proportion de ceux qui n’ont pas conscience que la contrefaçon est préjudiciable à l’économie est en train d’augmenter (22% contre 19% en 2013). Plus précisément parmi la jeune génération, il y a moins de personnes (49%) qui croient que la contrefaçon nuit à l’innovation qu’en 2013 (53%). Il s’agit en fait de l’argument le moins convaincant pour les Européens, qui considèrent plutôt comme un danger le fait que la contrefaçon  « favorise le travail des enfants et des trafics illégaux » (68%) et constitue un « danger à la santé publique » (66%).

Marché potentiel pour les contrefacteurs et un vrai challenge pour les entreprises innovantes.

Il est en revanche réconfortant de constater que peu d’Européens interrogés ont déclaré avoir acheté intentionnellement un produit contrefaisant au cours des 12 derniers mois (7%), malgré le fait que le pourcentage par rapport à 2013 a tout de même augmenté de 3%. Toutefois, nous pouvons constater que la contrefaçon inconsciente augmente puisque le nombre d’Européens déclarant avoir acheté un produit contrefaisant après avoir été induits en erreur augmente (10%).

Enfin, d’après les acheteurs intentionnels de contrefaçons, une mauvaise expérience dans l’utilisation d’un produit contrefaisant ou une éventuelle sanction ne suffisent pas pour empêcher ce comportement. Le meilleur moyen serait apparemment de proposer des produits authentiques ayant une meilleure disponibilité et un prix plus abordable.

Nous retenons de cette étude que les consommateurs européens se tournent petit à petit davantage vers des produits contrefaisants, consciemment ou pas, et principalement parce qu’ils recherchent des produits plus abordables financièrement ou plus disponibles. Voici au moins deux pistes à creuser pour les entreprises innovantes afin de préserver leur marché, auxquelles pourraient s’ajouter des campagnes européennes ou nationales de sensibilisation des citoyens contre la contrefaçon.